(Africa Diligence) Avec une population de 12.2 millions d’habitants (INED: 2013), le Tchad comprend huit banques et une quarantaine d’agences sur tout le territoire, soit un ratio de 250 000 habitants par agence. Pour les analystes en intelligence économique d’Africa Diligence, ce ratio démontre la faiblesse de son inclusion bancaire. Le pays doit donc fournir plus d’efforts pour le développement de son système financier.
Vulnérabilité du secteur bancaire
Le système bancaire du Tchad est constitué de huit banques : Banque Agricole et Commerciale, Banque Commerciale du Chari, Ecobank Tchad, Banque Sahélo Saharienne pour l’investissement et le Commerce, Commercial Bank Tchad, Financial Bank Tchad, Société Générale Tchadienne de Banque et United Bank for Africa Tchad. Il est vulnérable en raison de sa faible extension, de la forte concentration du risque, de la sous-capitalisation des établissements bancaires propriétés de l’Etat, de l’insuffisance du contrôle sur place et, de manière générale, du sous-développement des marchés et services financiers dans l’ensemble de la CEMAC. En matière de régulation, la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC) tarde à mettre en œuvre son plan d’action pour intensifier ses opérations de contrôle sur pièces et sur place, afin de minimiser les risques.
En 2012, les crédits à l’économie se sont inscrits en légère hausse : 6.7%. Cette progression modeste dans un environnement où tout est à faire s’explique par la détérioration de la qualité du portefeuille de crédits avec une forte augmentation des créances douteuses. Le système bancaire est confronté à un problème de réemploi de ses ressources en raison d’une part, de la faiblesse du crédit au secteur privé et, d’autre part, de la politique de désendettement de l’Etat.
Par ailleurs, la micro finance représente l’un des instruments de mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté 2e génération (SNRP‑II). En concertation avec les principaux acteurs du secteur, le gouvernement a défini une stratégie nationale de la micro finance (SNMF) visant à favoriser son développement. Animé par plusieurs structures, il connait un fort dynamisme, surtout dans le sud du pays.
Le ratio crédit à l’économie/PIB se situait à 4.5% en 2012 contre 4.2% en 2011. Cet indicateur ainsi que son évolution reflètent les difficultés d’accès au crédit, notamment aux crédits d’investissement. La nature des dépôts (qui sont souvent à court terme) et le dysfonctionnement du système judiciaire sont les principales causes de cette situation. A l’instar de ce qui se passe dans les autres pays de la CEMAC, les systèmes de paiement et de compensation restent faiblement développés au Tchad. En 2011, les textes permettant l’accès au crédit ont été améliorés par des amendements à la loi uniforme de l’OHADA qui élargit la gamme des actifs pouvant être utilisés comme garantie.
Marché financier : le Tchad à la recherche des fonds au Cameroun
Le Tchad a lancé du 23 septembre au 15 novembre 2013, un emprunt obligataire par appel public à l’épargne de 85 milliards de Fcfa, à la Bourse des valeurs mobilières de Douala (DSX), pour boucler le financement de sa Cité internationale des affaires (CIA). Sous le nom « Etcd 6% net 2013/2018 », le taux du coupon de cet emprunt obligataire est de 6% net par an, tandis que la maturité est de 5 ans (2013-2018).
Selon Mustapha Mahamat (conseiller spécial auprès du Premier ministre tchadien, chargé des réformes économiques et sociales), les fonds qui ont été récoltés à l’issue de cette opération vont permettre de financer la construction de la CIA du Tchad à hauteur de 35%. Situé à N’djamena, ce projet est évalué à 248.4 milliards de Fcfa. Idriss Deby Itno, le président du Tchad, compte sur cet emprunt pour donner un coup de fouet à ce projet qui, une fois à terme, va donner une allure de Dubaï à ce pays.
(Knowdys DataBase, avec Perspectives économiques en Afriques, Jeune Afrique, et La Nouvelle Expression)