L’avocat, nouvelle pépite des agriculteurs kenyans

[Africa Diligence] Confrontés à la baisse du prix du cacao et du café, les producteurs kenyans se tournent vers la culture de l’avocat plus rentable. Le pays compte aujourd’hui parmi les 10 plus grands exportateurs mondiaux et talonne l’Afrique du Sud, traditionnellement premier exportateur africain.

Dans le centre du Kenya et dans la vallée du rift, les petits producteurs abandonnent la culture du thé et du café pour planter des avocatiers. C’est le sujet Afrique éco du jour, avec ce reportage de Laura Broulard dans le comté de Murang’a.

John Wanjohi est un fermier heureux. Il y a six ans, il a abandonné la culture du café et planté 150 avocatiers sur son petit terrain La saison dernière, il a produit 4 tonnes d’avocats, vendus à environ 40 centimes le kilo pour un revenu de près de 2000 euros en trois mois, et il ne tarit pas d’éloges sur ce fruit rentable et facile à entretenir :

« L’avocat c’est la culture la plus simple du monde. Vous le plantez, vous l’arrosez, puis vous récupérez les fruits. Alors que vous savez, les plants de café, il faut s’en occuper tous les jours ! Il faut les tailler, il faut mettre de l’engrais, des pesticides… L’avocat, c’est la liberté ! Le café, c’est l’esclavage !»

Quelques kilomètres plus loin, Morrison Mwanga marche fièrement dans son champ d’avocatier Hass. Il vend sa production à l’entreprise Fair Trade Limited qui exporte des avocats vers l’Europe, qui l’a formé à produire des fruits respectant les standards internationaux et le paie directement sur son téléphone portable via la plateforme kényane de paiement mobile Mpesa :

« L’avocat, vous le cueillez un jour, et le lendemain l’argent est là. Alors qu’avec le café, vous devez attendre parfois toute une année avant d’être payé ! J’ai mis mes enfants à l’école avec le soutien de l’avocat. L’avocat, c’est de la nourriture pour la famille et c’est très facile à vendre directement au marché ».

Le Kenya a exporté 78 millions de dollars d’avocats en 2017 principalement vers l’Europe et les Émirats Arabes Unis. Et la demande pour le fruit vitaminé est exponentielle explique Bernard Kimutai, employé chez Fair Trade Limited, qui exporte essentiellement au Pays-Bas et en Espagne et dont le succès en inspire plus d’un…

« Cette année, nous prévoyons de doubler le volume de nos exportations par rapport à l’année dernière. Du coup ici, nous recevons beaucoup de coups de téléphone, les gens demandent comment se procurer des graines. Nous avons également eu des visites organisées par les gouvernements des autres comtés pour venir ici et apprendre, pour développer la culture de l’avocat ».

Alors que les entreprises d’exports lorgnent les marchés russes et chinois, les spécialistes mettent en garde les fermiers : il faut attendre entre deux et 5 ans avant qu’un avocatier donne des fruits éligibles à l’exportation.

La Rédaction (avec Laure Broulard)

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