Éthiopie et Kenya à l’affût du leadership économique en Afrique

[Africa Diligence] Selon le récent rapport du cabinet Control Risks, Nigeria, Afrique du Sud et Égypte sont en passe d’être rattrapés par ces deux pays quant aux investissements. C’est l’illustration que l’Afrique bouge et qu’aucune position n’est définitivement ou durablement acquise dans un environnement de compétition farouche pour être le plus attrayant possible aux yeux des investisseurs.

 L’enjeu est de taille alors quepour chacun des pays du continent il s’agit de réussir sa petite révolution industrielle pour intégrer sur place le plus de valeur, trouver du travail aux nombreux jeunes qui sortent des écoles, universités et centres de formation.

En effet, selon le récent rapport publié par Control Risks, cabinet d’expert-conseil de renommée mondiale spécialisé sur les risques, la donne du leadership économique africain pourrait changer si les actuels premiers de la classe, à savoir le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Égypte, pourraient bientôt être surpassés par de nouveaux lions africains que sont le Kenya et l’Éthiopie. Publié à Johannesburg, ce rapport montre bien que malgré le redressement observé ces derniers temps, notamment pour les économies nigériane et sud-africaine, des fragilités persistantes maintiennent le risque à un niveau suffisamment élevé qui les met à portée de l’Éthiopie et du Kenya.

L’Éthiopie, ce champion qui monte

Avec 3,2 milliards de dollars d’investissements directs étrangers récoltés en 2016 et une croissance moyenne de 10 % entre 2010 et 2015, 6,5 % en 2016 alors que nombre de pays ont vu la leur piquer du nez, l’Éthiopie a surpassé tous ses concurrents africains. Il faut croire que malgré les soubresauts politiques qui s’y déroulent, les feux verts économiques sont vraiment forts au regard des critères contenus dans l’indice Africa-Risk-Reward, dont Paul Gabriel, analyste principal pour l’Afrique chez Control Risks et auteur principal du rapport, est le maître d’œuvre. « Cet indice aide les investisseurs à identifier certaines des opportunités d’investissement les plus cachées au moment où les poids lourds se battent », explique-t-il avant d’ajouter : « Les investisseurs expérimentés, non seulement en Afrique, mais à travers le monde, savent que le risque et la récompense sont des compagnons. » Et de poursuivre : « Alors qu’aucun investisseur sérieux ne devrait ignorer les géants économiques du continent, un véritable avantage concurrentiel ne peut être atteint que si les investisseurs parviennent à rester en avance sur le reste en sachant ce qui suit. » Autrement dit, il n’y a rien de tel qu’une bonne visibilité pour rassurer un investisseur malgré les risques inévitables inhérents à tout marché.

Kenya, cet autre lion qui rugit

À côté de l’Éthiopie, le Kenya fait figure de concurrent redoutable avec sa croissance économique moyenne de 6 % entre 2010 et 2016. Pour cette année 2017, les spécialistes tablent 5,4 %, un bon niveau contrastant avec la timidité relative observée dans nombre de pays africains. Ses points forts lui permettent « d’agir comme porte d’entrée dans la grande région d’Afrique de l’Est ». Selon le rapport du cabinet Control Risks, ce sont essentiellement « une main-d’œuvre bien instruite, un secteur des services innovant, des investissements continus du gouvernement dans la modernisation des infrastructures nationales clés et un approfondissement de l’intégration avec ses voisins à travers la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) ».

Nigeria, Afrique du Sud et Égypte n’ont pas dit leur dernier mot

Désormais concurrencés par l’Éthiopie et le Kenya, le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Égypte ont encore des arguments à faire valoir.

Pour ce qui est du Nigeria, le rapport indique que son secteur énergétique lui permet de maintenir son attrait malgré, entre autres, les risques que font peser sur le pays les attaques des insurgés du Delta du Niger, celles de Boko Haram bien sûr qui jouent dans le climat général du pays, notamment dans certaines grandes villes comme Lagos, Abuja, Maiduguri, malgré aussi la baisse des prix du pétrole qui a fortement impacté la croissance économique du pays passée de 6,3 % en 2014, à 2,7 % en 2015, puis 1,6 % en 2016 avec en perspective 1,1 % cette année.

Quant à l’Afrique du Sud, elle est véritablement au milieu du gué avec une image politique et économique qui pose de plus en plus question. Le rapport de Control Risks note ainsi qu’« alors que le pays jouit d’une réputation méritée en tant que démocratie constitutionnelle prééminente en Afrique, plusieurs de ses institutions clés se sont progressivement affaiblies au cours de la dernière décennie ». Et de poursuivre que « les perspectives économiques sont étroitement liées aux résultats de la conférence nationale du Congrès national africain (ANC) qui va se tenir en décembre prochain. La croissance prévue du PIB réel de 0,5 % pour 2017 est inférieure à celle de la population et certainement insuffisante pour réduire le lourd taux de chômage de 27,7 % en Afrique du Sud. » De quoi mettre en exergue des atouts fragilisés.

Dernier pays : l’Égypte. Pour Control Risks, le pays dirigé par le président al-Sissi « a une position politique stable, mais les défis économiques et sécuritaires demeurent ». De sérieux progrès ont été enregistrés quant au budget de l’État sur fond d’une croissance économique qui devrait passer de 4,3 % en 2016 à 3,8 % cette année. Des signes encourageants qui n’en exigent pas moins une forte vigilance.

La Rédaction (avec Malick Diawara)