Cyrille Ekwalla : « L’Afrique peut espérer un développement plus rapide »

[Africa Diligence] Ancien de RFI, Africa N°1 et MCM Africa, Cyrille Ekwalla pratique le journalisme à travers le monde entier. Ex-chef d’antenne de Cameroon Voice au Canada, il lance sa propre agence de communication et d’audiovisuel en 2008. Entrepreneur 2.0, c’est sous le prisme des nouvelles technologies qu’il nous livre sa vision de l’Afrique émergente.

Ses études de droit et de sciences politiques terminées, Cyrille Ekwalla fait ses classes chez RFI, d’Africa numéro 1 Paris et MCM Africa. Après ces premières expériences, le Camerounais se lance dans la création et l’animation de magazines culturels tels que « Le Disque Africain » et « Afrobiz ». Installé en France, il se déporte au Canada pour de nouvelles aventures. Il atterrit chez Radio Canada 1ère, d’abord comme recherchiste, puis comme reporter. Cinq ans plus tard, il devient reporter pour Radio Canada International. Parallèlement, il intègre la web radio « Cameroon Voice » dont il deviendra le chef d’antenne, tout en animant son émission-phare « Antenne Libre ». En 2008, il fonde l’agence de communication et audiovisuelle « Cyrcom Sons & Images » qui édite notamment les sites internet Njanguipress et Njangui TV. « La seule ambition que j’ai et à laquelle j’essaye de faire adhérer toutes celles et tous ceux qui collaborent avec moi est de travailler pour l’Afrique ! Se mettre au service de l’Afrique » affirme-t-il au moment de répondre à nos questions.

Africa Diligence : Croyez-vous en l’émergence économique du continent africain ?

Cyrille Ekwalla : « Investissement – boom économique – classe moyenne en pleine croissance », voilà le cocktail qui, à mon avis, fonde et justifie l’émergence en Afrique. Aussi sans tomber dans un afro-optimisme béat et tout en tenant compte du fait que les niveaux de développement sont différents d’un bout à l’autre du continent, je crois fermement en cette émergence du continent.

Au-delà des statistiques et autres projections des institutions financières et/ou économiques qui attribuent à de nombreux pays dans le continent des taux de croissance à deux chiffres et ce, sur des périodes plus ou moins longues, il y a des faits concrets, palpables, qui amènent à croire en cette émergence.

Même si le taux reste encore marginal, la présence de l’Afrique dans les échanges internationaux est beaucoup plus prégnante. En raison d’un taux d’éducation et d’instruction plus élevé au sein de la population africaine, on a vu apparaître une classe moyenne prête à consommer. Nul ne peut rester indifférent à ce marché potentiel de consommateurs.

Pour preuve, la lutte effrénée que se livrent les puissances occidentales, aujourd’hui en crise, qui veulent garder leurs parts de marché face aux pays dits émergents tels que la Chine, le Brésil, l’Inde, l’Afrique du sud. Que dire du retour des Africains de la diaspora ? Que ce soit pour de courtes périodes ou encore des retours définitifs, on y perçoit un signe. Ce n’est pas un épiphénomène, c’est une « tendance lourde ».

S’il fallait vous aider à contribuer au développement rapide de l’Afrique, quels leviers pourrait-on activer ?

Essentiellement le levier des communications, y compris les télécommunications. La clé des échanges c’est la communication et aujourd’hui, grâce à l’explosion de la téléphonie cellulaire, grâce à internet, grâce à l’essor des NTIC, l’on peut espérer que le développement se fasse plus rapidement qu’il y a vingt ans.

À cela j’ajouterai un levier sur lequel la BAD a fait une étude et dont je fais mienne les conclusions : un développement rapide peut découler d’un apport consistant de capital-investissement. Quel que soit le domaine : infrastructures, santé, environnement, agro-alimentaire, services financiers etc., l’Afrique a besoin de financements pour créer, pour se développer.

Si vous vous retrouviez à la tête de votre pays, dans les 24 heures, quelles seraient vos trois premières décisions ?

Moi, président, trois décisions me paraissent des plus urgentes. Il s’agit premièrement d’étendre le plus largement l’accès à l’internet dans mon pays, de reprendre le contrôle dans les secteurs de l’énergie et de l’eau et enfin de mettre en place au plus vite les mécanismes pour sortir du franc CFA.

Que pensez-vous de l’avènement du Centre Africain de Veille et d’Intelligence Économique ?

Quoi de plus naturel que d’avoir une aune agence africaine de veille et d’intelligence économique ? La naissance du CAVIE est, de mon point de vue, la meilleure des choses qui pouvaient arriver au continent pour les acteurs économiques, mais aussi les journalistes. Des informations crédibles par des spécialistes qui connaissent le terrain et les détenteurs d’opportunités et d’informations. Il n’y a rien de plus crédible. J’applaudis à deux mains.

Propos recueillis par la Rédaction

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