Numérique, démocratie participative et bonne gouvernance en Afrique

[Africa Diligence] Depuis les révolutions arabes de 2011, le premier réflexe des pouvoirs en place, en cas de crise populaire, est de suspendre l’accès à l’internet mobile. Les internautes du Burkina Faso, de RDC ou du Burundi ont ainsi été interdits de communication au cours du premier semestre 2015 pour que le monde ne les entende plus.

Si les États ne vont pas vers la démocratie numérique, c’est elle qui viendra à eux

L’Afrique poursuit son apprentissage démocratique, non sans heurt, comme le montrent les dernières tentatives de modification de la loi constitutionnelle sur le continent. La confrontation du personnel politique avec l’opinion publique se déroule de plus en plus dans le champ numérique où les citoyens prennent librement la parole sur des sites, forum, blogs et réseaux sociaux. Il y a dans la jeunesse connectée un désir de s’approprier les clés de la cité en exprimant des points de vue qui sont entendues par les dirigeants politiques ou économiques. Conscients que si les États ne vont pas vers la démocratie numérique, c’est elle qui viendra à eux, de nombreux dirigeants africains à l’instar de Muhammadu Buhari, MackySall ou Uhuru Kenyatta, pour ne citer que quelques-uns, sont très actifs sur des réseaux sociaux tels que Twitter, Facebook et LinkedIn. Leurs états-majors ont assurément compris qu’il vaut mieux accompagner la vague de la démocratie numérique plutôt que de s’opposer à elle et de la subir.

Le numérique ouvre la perspective d’une gouvernance lisible et prévisible

Autant pour le secteur public que privé, le numérique ouvre la perspective d’une gouvernance lisible et prévisible pour les parties prenantes. Sous réserve de sécurité, la simplification administrative, la rapidité, l’économie de ressources, l’archivage, le suivi-évaluation et la flexibilité dans la concertation sont autant de gains que pourrait apporter la numérisation à la gouvernance des institutions publiques et privées.

Les résultats des politiques initiées dans ce sens au Sénégal, au Kenya et en Afrique du Sud sont éloquents. Lancé au lendemain des manifestations visant les étrangers en Afrique du Sud, l’application mobile « We are Africa », par exemple, fournit une plateforme gratuite permettant aux citoyens d’apporter leur soutien ou non à la campagne de Pretoria contre les attaques xénophobes. Cet instrument qui géolocalise automatiquement l’utilisateur offre l’opportunité aux citoyens d’exprimer leurs points de vue.

Par ailleurs, en instituant l’ouverture aux données publiques, accessibles sur téléphone mobile, les États africains peuvent également donner accès aux informations d’usage général et d’intérêt local à tous dans le cadre de leurs missions de service public.

Au total, le numérique pourrait améliorer la transparence et l’automatisation de 50% des ministères africains d’ici 2025, avec des gains de productivité de l’ordre de 20 milliards USD, d’après les estimations de Knowdys.

Extrait du dossier « 10 chantiers où le numérique va tout changer en Afrique » par Knowdys Consulting Group.

La Rédaction