Manu Dibango : 80 ans et un tube planétaire

[AD Weekend] Jamais prophète chez-soi ? Sur Africa Diligence, si. Notre équipe célèbre le 80ème anniversaire du plus grand chanteur-saxophoniste africain de tous les temps : Manu Dibango, père du légendaire « Soul Makossa ». Retrouvons-nous pour trois concerts exceptionnels à Paris, au Musée du Quai Branly, les 24, 25 et 26 octobre à 20h.

« Mamako mamassa mako makossa… ». Même le propre père de Manu n’entendait rien à ce charabia, mais roulait des yeux de fierté en apprenant que ces quelques mots avaient suffi à enrichir sa progéniture. Parce que sorti en 1972, « Soul Makossa » fut le premier tube Africain à l’internationale, et que des années après, de Michael Jackson à Will Smith en passant par Rihanna, moult stars l’ont samplé. Officiellement ou illégalement…

« Je ne sais pas combien de gens s’en sont emparé, des centaines voire des milliers. Lorsque l’on me demande si ce titre m’a rendu riche je réponds qu’il faut demander à mon percepteur, lui aussi s’y est retrouvé. Il a gagné des millions grâce à ça. « Soul Makossa » est le premier tube Africain, les Etats-Unis s’en sont emparés et c’est devenu énorme. Forcément que ça fait plaisir un morceau qui traverse les pays et les années, quand les droits sont déclarés tant mieux, quand ils ne le sont pas, ça fait travailler les avocats… ». L’artiste fait allusion au long procès qui l’opposa à Michael Jackson, ce dernier ayant utilisé un « sample » du hit dans « Wanna Be Startin’ Something », avec à la clé une transaction financière qui pris des années à se concrétiser. Le montant n’a jamais été rendu public, clause de confidentialité oblige…

Ce genre de péripétie vous transforme une vie –déjà bien remplie– en une histoire unique,voire extraordinaire. Manu Dibango né à Douala le 12 décembre 1933 fête cette semaine ses 80 ans au Musée du Quai Branly et promet de re-visiter sa carrière. Car comme il le dit lui-même : « Lorsque j’allais voir Ray Charles, toutes ses nouvelles chansons c’était bien, mais j’attendais le moment où il faisait « Georgia On My Mind ». Les gens viennent vous voir parce que vous les avez touché à travers une chanson ou deux, c’est ce qui les rend heureux, et ce qu’ils veulent entendre… »

Il ne sait pas encore s’il reprendra son premier tube, « Twist à Léo » commercialisé en 1962 et considéré par les historiens de la chose comme le premier twist Africain. « Je jouais dans un cabaret à l’époque, le Tam-Tam à Kinshasa, et j’ai trouvé marrant de faire du twist, parce que le public écoutait Bob Azzam et Chubby Checker… ça a été un succès. » Ensuite il y eut le retour en France, pays d’adoption, dans lequel il avait débarqué pour la première fois à l’âge de 15 ans, l’accompagnement de Dick Rivers « On faisait du rock, ça a duré six mois. », la première scène de Michel Fugain et le remplacement de Bernard Estardy à l’orgue derrière Nino Ferrer en pleine période Mirza/Cornichons.

« Nino rêvait d’être noir comme Otis Redding et il en avait un à sa disposition. Je suis resté plusieurs années à ses côtés. Il a même découvert que je jouais du saxophone le soir dans des clubs de Saint-Germain des Prés pour le fun. Il était très cultivé mais aussi un peu caractériel. Je cumulais car l’époque était très ouverte. En parallèle de Nino, je jouais dans l’orchestre du Lido et enregistrais déjà de la musique Caribéenne et Africaine avec mon propre orchestre. C’est ce que je voulais faire, avoir mon propre groupe. » Manu Dibango ne changera jamais de cap. Au début des années 1970, il y aura ce tube « Soul Makossa » devenu un classique du funk Africain, suivi d’un déménagement aux Etats-Unis, puis des amitiés avec Bob Marley et Stevie Wonder, avant un nouveau retour en France. L’un de ses deux amours, comme le chantait si bien Joséphine Baker.

« Avoir quatre-vingt ans c’est d’abord une chance d’y arriver, ensuite garder sa passion intacte est la plus belle chose qui soit. J’aurais bien voulu savoir écrire comme Brel ou Brassens, mais ça ne s’est pas présenté. C’est pour cette raison que mon modèle reste à jamais Louis Armstrong, qui chantait et soufflait si bien dans son instrument. Quel talent ! Moi je ne suis que musicien, au fond. »

Information/Réservation : Paris, Musée du Quai Branly – Tel : +331 56 61 71 72

(Avec Christian Eudeline)